Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
HISTOIRES D'EN ....... SIMS 3
21 avril 2016

A la recherche de Jane Eyre - Partie 6 -

Le lendemain matin, au sortir de mon lit, je me demandais si tout ce qui s'était passé n'avait pas été finalement qu'un rêve.

Le coup de feu, Richard Mason, Monsieur Rochester. Et je me demandais encore la raison de tous ses mystères.

Tout en me rendant au rez-de-chaussée, je jetais un coup d’œil vers le corridor "interdit" me demandant si il y avait bel et bien là un jeune métis blessé dans la chambre de Monsieur Rochester.

Mais je passais seulement mon chemin incapable de forcer la porte pour me rendre compte par moi-même si je n'avais pas rêvé.  

Je descendais seulement prendre mon petit déjeuner comme d'habitude.

 cuisine1

Madame Pierce me fit une curieuse remarque, elle trouvait qu'une couleur inhabituelle rosissaient mes joues qu'elles trouvaient étrangement "colorées" moi qui était de coutume "plutôt pâle".

Je ne comprenais pas ce qu'elle voulait dire par là mais je ressentais effectivement une intense chaleur sur ma peau comme si j'avais le feu aux joues et tout mon corps était irradié d'une douce chaleur. J'étais même d'une excellente humeur comparé aux autres jours, et cela se remarquait parce que j'avais une toute nouvelle attitude : un grand sourire sur mon visage, des pas légers, et un tas de gestes maladroits. 

"- Monsieur Rochester est parti tôt ce matin" m'avertit Madame Pierce sans me quitter du regard tandis que je faillis renverser ma tasse de thé.

cuisine2

L'évidente déception qui voila immédiatement la pétillance de mes yeux sembla l'informer d'une chose que j'ignorais.

Elle se mit à sourire.

"- Le Maître a laissé néanmoins un message." continua-t'elle d'un ton lent.

Je manquais de m'étouffer maintenant et je me sentis devenir rouge écarlate sous son regard inquisiteur. Je plongeais mes lèvres sur le rebord de ma tasse en porcelaine tentant de me donner une contenance tandis qu'elle poursuivait :

cuisine3

"-  Il sera là comme convenu à treize heures pour vous voir vous et Adèle."

Je soupirais d'aise. Monsieur Rochester avait le chic de savoir m'inviter sans en avoir l'air.

Comme la cuisinière semblait attendre des informations supplémentaires, je m'empressais d'ajouter le plus naturellement possible une phrase de circonstance :

"- Merci, Madame Pierce. Je vais  prévenir Adèle de ce pas."

Ne voulant tarder davantage, j'engloutissais une part de brioche et terminais mon thé à la hâte, tout en me mettant debout.

"- Je suis sûre qu'Adèle va vouloir apprendre une nouvelle poésie pour l'occasion, je n'ai donc pas de temps à perdre. Merci beaucoup pour ce succulent petit déjeuner Madame Pierce."

La cuisinière me rattrapa :

cuisine4

"- Attendez, Mademoiselle. Il y a autre chose..."

J'étais surprise. Avait-elle entendu quelque chose la nuit dernière ? Mon coeur s'emballa à l'idée de devoir parler du "secret" de Monsieur Rochester. 

"- Monsieur Rochester veut simplement que vous sâchiez qu'une nouvelle personne est arrivée cette nuit au château, une certaine Grâce Pool. Elle loge dans l'aile arrière du domaine mais il se peut que vous l'a croisiez de temps en temps."

J'étais sidérée par cette autre nouvelle. Madame Pierce continua naturellement :

"- Madame Pool est une ancienne domestique qui vivait avec le Maître quant il était installé aux Iles. Depuis peu elle a manifesté l'envie de retrourner en Angleterre et Monsieur Rochester a accepté de l'accueillir à Thornfield."

Encore !

Se pouvait-il que tous les malheurs de Monsieur Rochester soient liés à son extrême bonté ! Après Adèle, moi, Richard, voilà qu'une certaine Madame Pool bénéficiait elle-aussi de ses généreuses attentions !

cuisine7

"- Monsieur recommande de ne pas déranger Madame Pool sous aucun prétexte et de ne jamais rien lui demander." poursuivit Madame Pierce. "C'est l'information que je devais vous faire passer. Voilà qui est fait. Je n'ai moi-même pas vue cette personne."

cuisine6

Mon esprit était en ébullition. Nul doute alors que l'ancienne domestique était arrivée hier soir avec le jeune métis.

Etait-ce le fin mot de l'énigme de la nuit dernière ? Une banale rixte entre deux personnes qui ne pouvaient pas se supporter et que Monsieur Rochester s'était résolu à séparer en la logeant chez lui ? Mais qu'est-ce que Richard aurait-il pu donc faire à Madame Pool pour qu'elle lui en veuille au point de vouloir le tuer ?

cuisine5

J'étais presque soulagée et rassurée, Monsieur Rochester était finalement en dehors de toute cette histoire. Finalement c'était le problème de Richard et il était sûrement parti maintenant emportant ce secret avec lui.

Sans attendre et après avoir remercié une nouvelle fois Madame Pierce, je m'éclipsais hors de la cuisine rapidement, remontant vers la salle d'étude. Je n'avais qu'une idée en tête à présent : trouver une belle poésie à faire dire à Adèle. 

adele1

Adèle explosa de joie quand elle apprit l'invitation de Monsieur Rochester, et elle fut particulièrement ravie d'avoir ce rendez-vous avec son père. Elle eut du mal à se concentrer sur son travail tant la nouvelle était rare et inespérée.

adele4

Je préparais carnet de croquis, pastels et graphites pour qu'elle puisse montrer ses talents d'artiste, nous prîmes même une guitare, elle avait envie de lui montrer à quel point elle avait bien travaillé. J’espérais que Monsieur Rochester apprécierait tous ses efforts. 

Il fut d'une extrême courtoisie et ce fut un après-midi, charmant. Il prit le temps d'écouter Adèle jusqu'à ce que la petite décide d'elle-même de jouer seule. Puis il partagea une délicieuse conversation avec moi sur tout et rien. Je voyais bien dans ses yeux qu'il me taquinait en évitant tous les sujets qui pourraient avoir un rapport avec l'éducation de sa fille. Mais j'appréciais ses efforts pour tenir sa promesse de respecter à la fois mon temps de travail et mon temps de détente.

promenade1

La journée toucha à sa fin et je pus constater qu'elle avait fait deux heureux : Adèle dont les yeux pétillaient de bonne humeur et Monsieur Rochester qui n'avait jamais été aussi détendu ni aussi jovial. Modestement, je savais que j'avais participé à cette journée et j'en tirais une grande satisfaction. 

Au moment de rentrer, Monsieur Rochester m'attrapa doucement par le bras pour me glisser à l'oreille que Monsieur Mason était tiré d'affaire et qu'il avait quitté Thornfield le matin même dans la plus totale discrétion pour loger dans une chambre en ville. 

Ce fut la seule ombre au tableau.

Je ne revis pas Monsieur Rochester de la soirée, il s'était retiré dans son bureau pour "tenir les comptes du domaine" et il ne souhaitait être "dérangé sous aucun prétexte" m'avait dit tranquillement Madame Fairfax qui cousait dans le grand salon.

Inutile donc que je pense à partager la fin de cette aventure avec lui, pensais-je en remontant dans mes quartiers.

J'avais donc décidé de me coucher de bonne heure pour rattraper mes heures de sommeil perdues laissant Adèle aux soins de la fidèle Nancy.

Bien calée sous les couvertures, cherchant le sommeil à la douceur d'un feu léger qui brûlait tranquillement dans ma cheminée, je ne cessais de me demander ce qui avait poussée Grâce Pool à être aussi violente avec Monsieur Mason et j'échaffaudais tous un tas de théories rocambolesques pour m'expliquer comment un jeune homme d'apparence tranquille avait bien pu contrariée une simple domestique comme Grâce Pool.

Ma nuit fut une nouvelle fois très agitée.

porte2

Je me réveillais au beau milieu de la soirée glacée. Le feu de ma cheminée s'était éteint et ma porte de chambre était grande ouverte. 

Je me hâtais de me lever pour la refermer consciente que c'était du couloir qu'arrivait le courant d'air. J'avais à peine atteint la porte qu'un grincement se fit entendre. Je pensais immédiatement au chien du domaine. Nancy l'avait peut-être laissé entrer dans la maison et il se promenait à sa guise ? Je devais peut-être m'assurer qu'il ne réveille pas tout le monde. Je regardais à droite puis à gauche. Au fond du couloir, la chambre de Monsieur Rochester semblait fermée et calme, inutile donc d'aller traîner par là. Par contre j'entendis un léger craquement venant de l'aile arrière, c'était là que Monsieur Rochester avait installé sa nouvelle invitée.

bruit1

Madame Fairfax m'avait dit que personne n'allait jamais par là, c'était une aile  qui conduisait de l'autre côté du château vers la plus grande des tours, celle que j'avais aperçue la première fois à mon arrivée et où j'avais cru voir des lumières. Peut-être que le chien était allé par là ?

Je m'avançais dans le couloir quand soudain une masse sombre apparue au détour. C'était Monsieur Rochester ! Et il n'était manifestement pas content de me savoir debout et particulièrement dans cette partie du domaine.

 vousici3

 "- Que faîtes-vous ici" me dit-il d'un ton sévère en cherchant derrière moi. "- J'espère que vous êtes seule !"

Il paraissait nerveux et inquiet.

 vousici5

"- Je suivais Pilote." répliquais-je pour justifier ma présence. "- Il est entré dans ma chambre et à laisser tout ouvert, je me disais que je devais le ramener en bas dans la cuisine au lieu qu'il s'échappe plus loin." tentais-je en guise d'explication.

Monsieur Rochester était manifestement furieux :

 vousici4

"- Vous dîtes qu'il est venu dans votre chambre et qu'en savez-vous ! "maugréa-t'il de très mauvaise humeur.

"- Parce que ma porte était grande ouverte et que le froid m'a réveillé" continuais-je un peu agacé qu'il mette ma parole en doute.

De nouveau, il me jucha de la tête au pied, avec une moue réprobatrice, il était loin du gentilhomme de l'après-midi.

 vousici6

"- Encore à moitié couverte ! Vous vous voulez attraper la mort ou quoi ! Les pierres de ce château sont si anciennes que toutes les cheminées du domaine ne suffirait pas à le chauffer. Vous êtes une jeune écervelée ! Qu'est-ce qui vous a pris de quitter votre chambre pour suivre un idiot d'animal !"

 vousici7

Et envers et contre tout, il se jeta sur moi et m'attrapa dans ses bras. J'étais rouge de honte.

"- Mais que faîtes-vous ! je peux marcher ! Posez-moi par terre !" osais-je en essayant de me dégager de ses bras.

vousici8

"- Taratata ! Mademoiselle Prince, vous êtes encore pieds nus et je ne veux pas que vous attrapiez froid chez moi ! Si vous voulez éviter que je vous couche comme une enfant. Comportez vous comme une adulte ! Arrêtez d'aller fouiner partout au plein milieu de la nuit."

Il me lança un regard noir qui ne souffrait pas de réponse mais furieuse d'être traitée comme une enfant, je me rebellais :

"- Fouiner ! Mais certainement pas ! Je vous dis que j'ai suivi Pilote..."

Il s'arrêta en plein milieu du couloir me tenant toujours serrée dans ses bras :

 vousici9

"- Pilote est sagement dans sa niche en bas dans la cuisine. Nancy y veille tous les soirs."

"- Je vous dis que j'ai entendu du bruit comme si quelqu'un était entré dans ma chambre. Qui aurait ouvert la porte sinon ?"

Il me regarda un regard sombre et sa mâchoire se serra.

"- C'est un vieux château, voilà tout. Avez-vous toujours besoin d'avoir une explication à tout !"

Il me posa brutalement à terre sans cérémonie, je m'accrochais à ses épaules surprise de sa brusquerie.

Il me regardait avec cette étrange flamme dans les yeux, fixant tour à tour mes yeux et ma bouche tandis que je restais collée à lui.

Je sentais sa chaleur m'envahir toute entière.

"- Gardez-vous de tomber amoureuse de moi" me dit-il soudain en me regardant droit dans les yeux.

vousici10

J'étais tellement soufflée par cette remarque que je n'eus même pas le temps de répliquer.

Il continua sans s'éloigner de moi. Je sentais son souffle sur mon oreille :

"- De toute façon, j'ai bien vu que j'étais bien trop vieux pour vous, n'est-ce pas Elisabeth ?"

 vousici14

Confuse je tentais de détourner mon visage.

Lisait-il dans mes pensées ?

Combien de fois m'étais-je dit qu'il était en effet bien trop vieux pour moi... Une bonne dizaine de fois, comment l'avait-il deviné ?

Il continuait toujours collé à moi.

"- Et pas particulièrement beau, n'est-ce pas ?"

Il me dévisagea et répéta :

"- N'est-ce pas ?"

vousici13

Serrée dans ces bras, je ne pouvais pas m'échapper, il me forçait même à répondre avec son regard insistant. Jamais je n'avais pensé qu'il était bel homme et depuis le début... 

"- Bien, vous avez un certain charme, Monsieur. Mais à vrai dire je ne sais pas si cela suffit..." commençais-je maladroitement.

Il éclata d'un rire tonitruant :

"- Ah Elisabeth ! Personne n'a osé me dire cela ! Attendez donc que je vous surprenne un jour à me regarder différemment ! Je vous attraperais bien ! Ne connaissez-vous pas ce vieil adage : Fontaine, je ne boirais pas de ton eau. Gardez vous bien ne pas le dire trop vite. Je suis plein de ressources..."

"Je n'en doutais pas" pensais-je en moi-même.

vousici15

Ma franchise l'avait emporté sur sa mauvaise humeur :

"- Venez ici, vous n'allez pas pouvoir marcher pieds nus jusqu'à votre chambre. J'ai bien le coeur trop attendri avec vous pour vous faire endurer ce supplice. Voyez comment vous me rendez !"

Je lui obéissais le laissant m'enlacer et me soulever dans ses bras une nouvelle fois. J'étais transie.

vousici16

"comment aurais-je pu longtemps résister au lunatique Monsieur Rochester ?" me disais-je encore serrée tout contre ses bras puissants.

Tandis qu'il marchait à grand pas vers ma chambre s'amusant encore de ma maladresse, il me lançait des oeillades sous-entendues tout en poussant la porte du pied et me déposant sur mon lit.

"- Vous voilà de retour, Mademoiselle Prince, telle une reine portée par son roi." cérémonia-t'il grandiloquent.

vousici17

J'avais presque l'impression que ses fanfaronnades voulaient cacher ses propres sentiments à mon égard mais que sa tête baissée, ses épaules courbées trahissaient sa déception de m'avoir entendu lui dire qu'il n'était à mon goût.

vousici18

Je le suivais faire le tour du lit pour vérifier la cheminée tandis que je me couchais frigorifiée.

Il resta un moment à attiser les braises pour que la chambre s'emplisse d'une chaleur agréable, il avait l'air sombre et tourmenté.

Je cherchais alors dans l'ombre de ses sourcils épais, la courbe de son menton trop carré, son profil coupé au couteau, la masse de ses cheveux sombres en pagaille, une quelconque attirance mais il n'y en avait pas, ni même dans sa haute stature impressionnante, dans la largeur de ses épaules, sa musculature de marin et de cavalier habitué à barouder. Il était aux antipodes de ce que pouvait être un vrai lord anglais, soigné, délicat dans sa mise, courtois et civilisé mais était plutôt tout le contraire, dissipé, bien souvent débraillé, la mine défaite, rustre et sauvage.

chambre10

Je le détaillais si intensément que je ne m'aperçus même pas qu'il me regardait avec la même intensité.

Il avait cette fois un regard d'un air triomphant qui semblait dire "Je savais bien que je réussirais à ouvrir votre coeur Elisabeth Prince".

Je crois que c'est à cet instant prècis où lui-même avait osé prétendre à une place dans mon coeur que je regardais différemment l'homme extraordinaire qu'il était. Il m'apparut unique dans sa façon brutale de se révèler à moi ; sans aucune hypocrisie, violemment entier, brutal et passionné. J'avais été émerveillé par chacun de ses actes, sa façon de se comporter, de gérer sa vie, j'avais admirée sa sensibilité, ses failles mais aussi ces moments de profondes certitudes. Jamais homme ne m'avait parut si entier.

Alors que je le dévisageais encore silencieuse, le regard perdu dans sa contemplation, il eut alors  une phrase étrange qu'il murmura gravement :

chambre11

"- J'espère être là le jour où vous me verrez autrement que sur un piédestal, Elisabeth."

Je baissais juste le regard, rouge d'avoir été découverte, mais mon admiration ne semblait pas lui suffire.  

Il resta un moment silencieux à gratter les braises rougeoyantes tandis que je commençais à fermer les yeux, épuisée. 

"- Bonne nuit, Elisabeth" me dit-il soudain d'une voix chaude tout en quittant la pièce à reculons. "Je crois être resté avec vous trop longtemps..."

Je n'eus même pas le temps de lui répondre qu'il était déjà sorti en murmurant cette sempiternelle autre phrase énigmatique dont il avait le secret.

J'eus dû mal à m'endormir agitée par cette nouvelle nuit particulière, sa présence, et l'impact qu'il commençait à prendre dans ma vie.

La pièce était étrangement vide maintenant qu'il était parti.

 chambre1

Je me disais que succomber aux tentatives de charmes de Monsieur Rochester n'était sans doute pas la bonne solution, surtout dans ma situation et je devais me méfier pour ne pas tomber amoureuse de lui et garder mes distances.

J'appréciais finalement mon rôle de subalterne qui me forçait à rester à ma place, notre différence d'âge, et le fait aussi qu'il ne soit pas mon idéal. Fortes de tout cela, je me disais que finalement Monsieur Rochester n'avait aucune chance que je le vois autrement que comme le Maître de Thornfield si je restais fidélement accrochée à ses principes.

Et c'est ce que je comptais bien faire.

En fin de compte, trouvant un accord avec moi-même, je n'accordais plus aucune importance à la présence de Richard Mason ni à cette mystérieuse Grâce pool, les bruits que j'avais entendu dans l'aile abandonnée du château provenait sans doute de Monsieur Rochester qui avait dû effectuer une ronde. Rien de plus. Le vent avait dû pousser ma porte même si je n'avais pas cru entendre de tempête et, à force de suppositions, je trouvai enfin le sommeil...

 

Le matin ne ressembla à aucun autre, simplement parce que Madame Fairfax vînt m'annoncer que Monsieur Rochester était parti.

 ecole

Je me remémorais malgré moi sa dernière phrase "Je suis restée trop longtemps avec vous" avait-il dit au bord de la cheminée la veille. Jamais je n'aurais pensé qu'il me faisait à sa façon ses adieux.

Malgré moi, je ne pus empêcher une certaine morosité de s'installer dans mon coeur et aucun de mes efforts n'arriva à la chasser.

 

 

Les mois défilèrent les uns après les autres emmenant l'hiver puis le printemps sans que Monsieur Rochester ne décide de réapparaître.

retour1

Je m'étais presque habituée à son absence quand soudain Madame Fairfax arriva dans le grand salon, elle avait un grand sourire sur le visage. 

"- Monsieur Rochester arrive dans une semaine" claironna-t'elle "- Et il ne sera pas seul, il annonce l'arrivée d'une belle compagnie. Mademoiselle Ingram en fera partie."

Je levais le nez de mon ouvrage.

"- Mademoiselle Ingram ?" demandais-je sans me rendre compte.

retour2 

"- Oh, Mademoiselle Prince. C'est la future fiançée du Maître certainement, cela fait plusieurs mois qu'il m'en parle et c'est pour elle qu'il est resté si longtemps absent. Il souhaite lui faire connaître Thornfield, c'est tellement évident... Ils ne devraient pas tarder à la demander en mariage. Quelle joie ! J'ai hâte que Monsieur Rochester s'installe définitivement à Thornfield, il nous manque tellement, n'est-ce pas ?"

Je me raidis malgré moi, je ne comprenais pas pourquoi mes doigts se mirent à soudain à trembler, même ma voix avait changé :

"- Se marier ?" répétais-je d'une voix monocorde.

retour5

Madame Fairfax rassemblait son ouvrage rapidement :

"- Oui, il est temps ! le Maître n'est plus tout jeune maintenant ! J'ai tellement hâte de voir des enfants courir ici..."

Elle ne s'occupait pas de me regarder et j'en éprouvais un immense soulagement, j'avais l'impression que mon visage portait sur lui le choc de cette nouvelle, certainement inapproprié. 

"-Je vais tout de suite donner les ordres qui conviennent. Nous n'avons pas de temps à perdre. Mon dieu, une semaine ! Ce ne sera jamais suffisant pour que tout soit parfait..."

Elle partit en marmonnant :

"- Combien de fois ais-je demandé à Monsieur Rochester de me laisser plus de temps pour organiser une visite ! Cet homme n'en fait décidément qu'à sa tête..."

retour7 

Seule, j'accusais le choc, commençant naturellement à m'interroger sur le bien-fondé de ma place si Monsieur Rochester trouvait à se marier. Il était évident que la future madame Rochester prendrait en charge l'éducation d'Adèle et de leurs futurs enfants et que ma présence ne serait plus utile.

Je me mis à trembler comme une feuille. Qu'allais-je devenir ?

Je me fis violence pour me concentrer, trouver une solution de repli, je n'avais jamais eu besoin de personne, c'était évident, je trouverais un emploi ailleurs tout simplement. Je me levais, nerveuse, rangeant dix fois mon ouvrage. Malgré moi, j'en voulais à Monsieur Rochester, pourquoi ne m'avait-il rien dit ?

retour6

J'entendais Madame Fairfax donner ses ordres : il fallait ré-ouvrir toutes les chambres dans l'aile principale, faire des commandes de nourritures, engager du personnel, nettoyer les cuivres, rendre la grande salle agréable, réaccorder le grand piano - J'appris que Monsieur Rochester avait une voix agréable et qu'il aimait chanter pour plaire à ses invités comme tout un tas de choses que j'ignorais de lui et qui me mit dans une position de retrait. Finalement, je ne savais rien de Monsieur Rochester, rien de ses habitudes ni de ses distractions favorites, si ce n'est ce qu'il avait bien voulu dire à sa simple gouvernante.

Je ne compris pas cette nouvelle pression qui me serra la poitrine et qui m'empêcha presque de respirer.

La semaine s'était écoulée à une vitesse incroyable, toutes les minutes avait été consacrées au futur accueil des invités de Monsieur Rochester et ils étaient apparemment nombreux...

Leur arrivée était imminente lorsque je pris la décision de ne pas me présenter aux invités et de me retirer dans ma chambre. "Ma qualité de simple gouvernante ne rendait pas ma présence obligatoire" m'avait  répondu Madame Fairfax. Je pus donc au même titre qu'Adèle rester dans mes quartiers pour laisser la "haute société" prendre ses aises au grand salon.

Mon autorisation de retrait ne fut que de courte durée. Au troisième jour, Monsieur Rochester me fit appeler et comme je n'avais pas l'intention de lui obéir, il me débusqua dans la salle d'étude, le nez dans un livre. D'un ton ferme, Adèle fut priée d'aller jouer avec ses nouvelles poupées et de rejoindre Nancy qui l'attendait dans le jardin. Et même si je profitais du départ de la fillette pour tenter de m'échapper avec elle, il me bloqua l'accès à la sortie.

 biblio1

"- Je ne crois pas vous avoir vu au salon" commença-t'il d'une voix pincée.

Il y eut un long silence avant que je ne puisse répliquer simplement :

"- Oui en effet."

Ma réponse brève le déstabilisa une fraction de seconde mais il insista :

"- Pourquoi ?"

biblio2

J'étais surprise, il le nota immédiatement.

"- Je crois avoir compris que ma présence n'était pas obligatoire." expliquais-je simplement fuyant son regard.

"- C'est ce que j'ai cru comprendre..." murmura-t'il en faisant certainement allusion à ce que Madame Fairfax avait dû lui donner comme explication. 

Il chercha mon regard :

"- Vous ne semblez pas être à l'aise, il y a t-il un problème ? Mademoiselle Prince?"

Je sursautais, mon visage avait-il trahi mes émotions ?

"- Aucun problème" mentis-je sans le regarder prise  d'une soudaine envie de pleurer.

Il se pencha jusqu'à moi descendant ses larges épaules à ma hauteur.

"- Hum, on ne dirait pas, j'ai comme l'impression que vous avez envie de pleurer. Avez-vous envie de pleurer, Elisabeth ?"

biblio3

"- N..Non. Pas du tout. Vous vous trompez, Monsieur."

Il resta silencieux une longue minute à détailler ma tête basse et mes mains derrière le dos, puis il claqua des talons :

"- Dans ce cas, vous n'avez donc aucune raison véritable pour ne pas être avec nous au grand salon." fanfaronna-t'il.

Voyant que je restais sans réaction, il continua d'une voix séche :

 biblio4

"- Je veux que vous et Adèle y soyiez présentes, et ce dés que ses cours seront terminés et jusqu'à son heure de coucher et, aussi longtemps que mes invités resteront. Est-ce bien compris ?"

Il ne me regardait plus. 

"- Je ferais comme vous voudrez, Monsieur" m'entendis-je dire d'une voix blanche.

"- Trés bien. C'est tout ce que j'attends de vous."

biblio5

Je restais un moment seule à fixer le chambranle où il avait disparu, je ne comprenais pas du tout, la froideur dont il faisait preuve avec moi ni son indifférence, je fus subitement glacée jusqu'aux os. Vidée, je regagnais ma chambre, pour la première fois ravie de ne pas à avoir à m'occuper d'Adèle, j'aurais été incapable de supporter ses babillages.

J'accélérais le pas pour ne rencontrer personne, jamais le corridor ne m'avait parut aussi long, enfin je trouvais refuge dans ma chambre.

biblio8

Un immense chagrin me gagna tout à coup et j'explosais subitement en sanglot. Incapable de trouver la raison de ces larmes, je me focalisais sur ma peur de devoir bientôt quitter Thornfield.

Après deux heures de solitude et de retranchement, j'entendis frapper légérement à ma porte. C'était Madame Fairfax.

"- Je vous ai apporté une robe." me dit-elle simplement "- Il est temps de vous préparer. Les invités de Monsieur Rochester ne devraient pas tarder."

Elle déposa une robe sobre de couleur grise réhaussée d'une dentelle de calais sur le coin du lit où je me trouvais encore assise. 

"- Si vous êtes déjà dans le grand salon, personne ne fera attention à vous" me dit-elle doucement. "Il a un coin discret où vous pourrez même vous installer avant tout le monde."

triste2

Je secouais la tête avec un faible sourire et remerciait la bonne dame.

Je me déshabillais à contre-coeur pour enfiler la nouvelle robe et refis ma coiffure. Mes cheveux avaient énormément poussés depuis et je pouvais maintenant me faire un chignon, je réajustais ma coiffure mes gestes tremblants.

triste5

Je renversais un peu d'eau dans la vasque de porcelaine pour m'arroser le visage et tenter de redonner un peu de couleur à mes joues. 

Je me hâtais ensuite d'aller chercher Adèle pour lui laisser le temps de prendre un jouet afin de s'occuper, nous gagnâmes ensuite ensemble le grand salon.

Je soupirais d'aise de voir que personne n'était arrivé encore. Comme me l'avait suggéré Madame Fairfax, je choisis le coin de la pièce le plus éloigné, tandis qu'Adèle s'était assise aux côtés de Madame Fairfax tout sourire son carnet de dessins à la main.

Stoïque, je me mis silencieusement à attendre.

compagnie5

La compagnie n'arriva qu'une heure après à grand renfort de rires et de cris qui inondèrent la cour. Les chevaux hennirent comme si ils avaient été poussés à bout. Une clameur monta pour confirmer qu'une course folle avait bien eu lieu et chacun félicitait la gagnante bruyamment. C'était Mademoiselle Ingram qui avait été la première à franchir Thornfield et tous la félicitaient.

Les dames roucoulaient en entrant dans le hall tandis que les hommes parlaient forts. Je reconnus la voix de Monsieur Rochester, différente, courtoise, il proposait à ses amis d'aller dans le fumoir pour un petit "moment de détente" entre hommes et avertissait les dames qu'elles pouvaient visiter leurs chambres à l'étage pour commencer à prendre leurs aises.

Après un brouhaha de portes ouvertes et fermées, de pas dans l'escalier, Thornfield fut de nouveau plongé dans un calme absolu.

Ce fut encore une longue heure à patienter pour moi puis, tous apparurent dans le grand salon où ils prirent place bruyamment sans prêter attention à aucune de nous.

compagnie1

J'avais loisir de regarder leurs tenues sobres, élégantes et soignées, leurs manières raffinées et d'entendre leur langage extrêmement recherché.

Monsieur Rochester était parmi eux, méconnaissable par son élégance.

Il avait troqué sa triste redingote par un ensemble racé qui affirmait la stature de ses épaules et indéniablement son charme, son sourire était aussi sa plus grande arme et il ne manquait pas d'en avoir pour cette magnifique blonde qui n'avaient d'yeux que pour lui d'où elle était installée.

Tout le monde voulait capter son attention. Blanche par-ci, Blanche par là. Les conversations ne tournaient qu'autour d'elle.

compagnie2

Je saisissais ma broderie et tentait de m'intéresser à reconstituer un abécédaire d'animaux qu'Adèle avait choisi pour orner sa chambre. Je me piquais maladroitement à force de regarder l'horloge du salon, mon dieu, le temps semblait s'être suspendu ! Jamais minutes m'avaient parues aussi longues... Puis enfin ce fut l'heure du dîner d'Adèle, la fillette s'échappa avec Nancy tandis que je restais tétanisée sur mon fauteuil.

Dans une demie-heure environ mon service prendrait fin, la petite serait de retour à mes côtés et ma clé de sortie de cet enfer aussi...

Je continuais à détailler les invités et Monsieur Rochester qui se tenait auprès de la cheminée avec l'un d'entre eux : Lord Dent, un vieil aristocrate qui ne tarda pas à s'éclipser pour aller se reposer.

Du coin de l'oeil, j'admirais la tenue d'apparat et les coiffures ouvragées de toutes ses belles dames, surprise par leurs étranges manières.

compagnie3

L'une d'entre elle était une dame d'une soixantaine d'année qui se faisait un malin plaisir d'accaparer un jeune jouvenceau à renfort d'oeillades et de flatteries.

J'appris plus tard qu'il s'agissait de Lady Ingram, elle était venue avec sa fille Blanche et quelques amis, les Eahston et les Dent.

compagnie4

Les deux plus jeunes femmes portaient encore leurs tenues de cheval sobres mais élégantes mais c'était manifestement recoiffées car leurs coiffures étaient impeccables.

Elles ne cessaient de s'esclaffer entre elles repassant en détail le long voyage qui les avaient conduites jusqu'ici. le Nom de Monsieur Rochester revenait fréquemment, c'était grâce à lui que ses demoiselles avaient pu apprécier ce long et fatiguant voyage qui aurait été "selon leurs dires" un véritable "cauchemar" si il n'avait pas été là.

 invite1

Les conversations tournaient toutes autour du maître de maison et de son superbe domaine, chacun débattait sur le nombre "exact" d'hectares qu'il faisait, du nombre d'employés qui y travaillaient et de sa renommée dans le Comté.

Banalement, le sujet de conversation passa sur les personnes de charge de domaine. Madame Fairfax fut présentée à ses dames et messieurs, puis ce fut le tour d'Adèle, et de "sa gouvernante".

invite2

J'avais cru entendre Blanche dire "- Voilà donc la triste Nounou" lorsqu'elle s'adressait à sa mère à mon sujet. Et de l'entendre ajouter "- Comme je suis bien aise de ne plus avoir affaire avec ses gens-là, Maman." Tandis que sa mère avait eu juste un unique gloussement en guise de réponse.

Ce fut le moment pour les autres convives de s'amuser à raconter les souvenirs qu'ils avaient eu avec leur propre nourrice, et de débattre sur leur utilité. 

invite5

Puis lasse du sujet de conversation, Blanche s'était indignée et avait tempesté qu'elle s'ennuyait.

"- Des ennuyeuses personnes restent ennuyeuses jusqu'au bout, n'est-ce pas, Edward" avait-elle claironné à Monsieur Rochester tout en me jetant un regard snob.

invites3

"- Au nom du ciel, proposez-nous autre chose et laissons ses sombres personnes à leurs livres et cahiers !"

C'est alors que Monsieur Rochester s'était incliné devant elle à l'image d'un jouvenceau pour lui dire :

"- Que diriez-vous d'unir nos voix sur une chanson, Blanche. Le piano n'attend que vous et je suis prêt à vous divertir avec une ou deux balades."

Et J'avais vu Blanche sautiller et battre des mains devant son chevalier servant.

 blanche1

La gorge nouée, j'entendis la voix de Monsieur Rochester s'élever et s'unir à la voix légère de Blanche, le duo était un merveilleux mélange de grave et d'aigu que je fus incapable de critiquer. Le coeur lourd devant ce tableau idyllique qu'ils formaient ensemble, je me piquais une nouvelle fois. 

Enfin Adèle fut de retour. Tandis qu'elle saluait tout le monde, j'effectuais une révérence de convenance pour quitter la pièce à mon tour dans la plus totale indifférence.

invite9

 

 

A SUIVRE

 

Publicité
Publicité
Commentaires
J
Coucou <br /> <br /> <br /> <br /> Merci tout d'abord d'avoir pris le temps pour ce message qui me touche particulièrement d'autant que je me sentais un peu seule sur cette histoire. Merci d'avoir remarqué aussi ce mélange entre Raison et sentiments de Jane Austen et Jane Eyre, c'est tout à fait les références que j'ai voulu dans ce récit et qui me tiennent particulièrement à cœur. Je continue toujours à écrire sur ce site quand vient l'inspiration.... J'ai été heureuse en tout cas de lire ton message. La suite ? Elle est déjà écrite, j'hésitais avec les photos... pas toujours évident de concilier les deux. <br /> <br /> Je vais y penser sérieusement maintenant.
A
Hey, <br /> <br /> <br /> <br /> je n'ai pas l'habitude de laisser des commentaires, de remercier où de faire quoi que ce soit en rapport avec les interactions sociales du net, mais cette fois-ci ton travail mérite réellement d'être félicité. Déjà, ton écriture, agréable, bien tourné, recherché, ça change beaucoup de la plupart des autres histoires que l'on peut trouver sur internet! Ensuite l'histoire en elle même est très chouette, tu nous plongent dans l'univers de Miss Bronté (avec une pointe de Jane Austen) sans difficulté! Aussi, tes sims, ton décor, tes images sont d'une très bonne facture! En vérité, tout est vraiment bien, ah si, excepté le fond rose du site! ^^ En espérant que tu auras le courage de continuer, ce qui me fait prendre conscience que je n'ai aucune idée si ce site est toujours en fonctionnement.<br /> <br /> <br /> <br /> Tchao!
Publicité